Un texte sur le film sur la page facebook de Roland Carrée, critique

L'un de mes premiers coups de cœur de cette année 2022 est le nouveau film documentaire de Sophie Delvallée, "Librement Mostafa Derkaoui", qui revient sur le parcours, des années 1960 à nos jours, du fameux cinéaste marocain, l'un des plus talentueux et importants de toute la cinématographie nationale.

Sophie Delvallée évite élégamment les effets faciles et ne tombe jamais dans le didactisme, amenant à connaître l'homme et l'artiste par un élégant travail sur les regards, les silences, le hors-champ, la composition des plans (joli travail de mise en scène sur les rapports entre intérieurs et extérieurs), ou encore les extraits de films de Derkaoui disséminés çà et là et faisant écho avec les scènes de son quotidien, que Delvallée capte avec douceur et pudeur. C'est souvent très poétique (la scène sur la place Jemaâ el-Fna) et émouvant (les retrouvailles avec son actrice polonaise du temps où il étudiait le cinéma à Łódź), parfois un peu triste (sa dégénérescence physique et vocale au fil du film, ses difficultés à concrétiser son projet de dernier film), mais aussi empli d'humour et d'espoir.

Une formidable leçon de vie et de cinéma, que j'espère voir vivre une belle carrière en salles, en festivals et à la télévision.

La disparition très récente de Khadija Nour Derkaoui - Douja pour les intimes - rend ce film encore plus poignant et attachant. La réalisatrice a découpé dans son film un superbe extrait relatif à cette personne essentielle de la saga Derkaoui ; une personne qui régulièrement devenait personnage dans les films de son époux. Je mets le lien de cet extrait ci-dessous, en commentaire de mon post.